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Jacques MERCIER, écrivain, journaliste RTBF

 

Un roman, cette fois, qui lui aussi se situe chez nous. « Bruxelles en feu » est un roman de Jean Noël (Editions Spinelle). Il s’agit d’une passionnante enquête policière. La « belgitude » du récit est un délice : comme on se sent chez soi. Et c’est si agréable de connaître le décor où des choses plus extraordinaires vont se dérouler. C’est le propre et la qualité des écrivains qui assument leurs racines. J’ajoute que dès le départ, la variété des outils utilisés (lettre, dialogues, etc.) maintient en haleine le lecteur sans le lasser. Cela procure une réelle envie de poursuivre le récit, d’être curieux, de s’attendre à tout grâce à l’imagination de l’auteur. La couverture est très belle. L’écrivain philosophe est doué.

J. MERCIER

 

https://jacquesmercier.wordpress.com/2025/12/01/deux-parmi-tant-de-bonnes-lectures/?fbclid=IwY2xjawOc0KFleHRuA2FlbQIxMQBzcnRjBmFwcF9pZBAyMjIwMzkxNzg4MjAwODkyAAEesKMeX1am0ihTbLqT6y-WGq6V9VIswu7WJO4O_eepAGm46LRs4OUW9ZWrWxA_aem_ium7-X830eyP1PJU_8Ob0w

L’année nonante
Daniel SOIL
Aux éditions MEO, 2025

 

Daniel SOIL nous invite à revivre 1990. Entendre « nonante » et non « quatre-vingt-dix », puisqu’il s’agit de suivre le voyage de deux intellectuels belges — l’une écrivaine, l’autre diplomate — là où tout se joue vraiment, en cette année terrible de libération des peuples slaves : de Prague à Dubrovnik.
Au lendemain de la chute du Mur, le glacis soviétique se dissout partout, une formidable espérance se fait sentir, un espace semble se délivrer de toutes les frictions idéologiques qui opposaient les hommes. Cela nous garantit-il un nouvel horizon de paix et de liberté ? C’est en tout cas ce qui habite le héros, Stéphen, enthousiaste et peut-être un peu naïf, qui invite un amour passé, la Signora, à vivre et à participer à l’Histoire en s’aventurant en Yougoslavie, plus précisément en Croatie. Mais hélas, on s’en doute — car on connaît l’Histoire, justement — aux oppositions idéologiques se superposent, plus sournoises, les polarisations ethniques qui préparent de nouvelles guerres en Europe.

Et puis, les questions annexes : ces deux amoureux vont-ils se retrouver après huit années de séparation, emportés tous deux par la passion d’une histoire en mouvement (la leur et celle avec un grand H) ? Leurs aventures, de Skopje à Split, les rapprocheront-ils ? Elle, si lucide ; lui, trop enthousiaste…

Texte magnifique : nous vivons l’espérance de notre héros, car nous nous en souvenons, et elle nous habite encore. Est-ce donc folie que les hommes s’autorisent enfin la paix et se désaliènent du joug des empires et des pouvoirs arbitraires ? Ce n’est pas encore fait, et l’année mille neuf cent nonante insiste, aujourd’hui, en cette période de guerre et de rumeur de guerre.

Notre auteur adopte une position sollersienne dans son écriture, très riche en références. Le voyage n’est pas seulement géographique, il est aussi culturel : entre le discours inaugural de Václav Havel (incroyable de pertinence, on croirait que le président tchèque s’adresse à nous, aujourd’hui !) et les opéras de Mozart à Dubrovnik. Tout cela se lit comme on contemple un panorama continu depuis la nacelle d’un ballon.

Merci, Daniel, pour cette histoire et cette évocation !

 

JN

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Valéry Meynadier,

Ecrivaine, notamment de "Centaure", "Ma mère toute bue", "Divin danger", (Editions chèvre-feuille étoilée)

 

Ça y est, j'ai fini hier...

 

Déjà, je découvre Bruxelles, et je me dis, tiens, c’est normal, Bruxelles avec un S... Cette ville est plurielle comme Paris- Alors que pas de S à Marseille, à Grenoble, à Venise, Venise mériterait un S, je me dis.

Bref.

Bruxelles en feu a tout les ingrédients du roman, du bon roman : de l’écriture, des inventions, un livre qui ne manque pas de « touchy », du torride, parfois, un peu trop à mon goût-  page 168, l’érection du commissaire Vandendaele, oui, trop cru parfois- de l’humour noir, un vrai suspens, qui a voulu tué l’ignoble et truculente Jackie Achter avec de la strychnine ?!

Qui a poussé au suicide Julien, l’intègre qui ouvre le livre sur un superbe et tragique envol?

L’auteur respire la philosophie, transpire la psychanalyse, avec sa belle Hélène et nous laisse entrevoir son désespoir en face du réel... Mais à coup d’humour, le noir désespoir se prend des petites lucioles à travers les lignes.

J’ai beaucoup apprécié, page 203, comment Hélène parle de son métier. Où se dessine la fonction de l’art...

 Livre engagé qui n’a pas peur, n’a rien à perdre. Le réel d’aujourd’hui prend la parole avec la cause palestinienne, par exemple : «  Je soutiens le peuple palestinien, c’est vrai... Mais je ne crie pas Mort aux Juifs... C’est la politique du Premier Ministre qui pose problème, Netanyaou !... »

Le réel de la vie aussi se livre se délivre dans ce livre, quand il est question d’impuissance, page 117-

Et question, l’auteur a t-il pensé au suicide ?

Evidemment, oui...

J’aime beaucoup la description du pauvre Samuel- et sa fin tragique, en flammes, on ne s’y attend pas du tout..

Samuel aussi : «  Mon père s’est fait injustice, moi, je fais justice ! » et il pousse Hélène presque sans le vouloir... C’est là un homme hors de lui...

L'auteur le montre à travers tes mots.

Plein de moments comme ça difficile à cerner avec des mots mais ton stylo creuse, cherche & parfois, trouve...

L’épilogue est remarquable !

La chaîne des conséquences donnée par le juge Joyaux fait mal au ventre... L’ignoble Jules Rodolphe ! & tu gardes les bonnes distances, tu ne fais pas dans le pathos; tant mieux...

Ce livre pourrait s’appeler : « L’effet-papillon strychnine »

Bravo l'ami-

Il y a une suite ?